Quand les arbitrages renvoient à qui décide

Le vocabulaire de la crise s’enrichit de jour en jour. La résilience s’était installée, l’arbitrage monte en puissance. Les traders n’en ont plus l’usage exclusif, car il n’est plus seulement financier. Un nouvel arbitrage s’est imposé aux gouvernements qui dosent comme ils le peuvent protection sanitaire et économique en apportant des réponses variables et évolutives, le contrôle de la situation leur échappant des mains.

Une question avec pour enjeu beaucoup de centaines de milliards d’euros, de livres et de dollars

Manger son chapeau étant indigeste, rien d’étonnant à ce qu’il soit grignoté par petits bouts. Mais cela ne progresse pas sans mal. L’émission de corona-obligations reste bloquée au sein de la zone euro, bien que ce ne soit pas une panacée. Tandis qu’au Royaume-Uni un débat émerge à propos de l’étape d’après, la monétisation en grand des plans de sauvetage par la Banque d’Angleterre (BoE).

L’imagination est au pouvoir, disait-on

L’État est le dernier recours, c’est sans discussion ! Il l’est quand il devient vital de différer, prêter ou donner. Il l’est lorsqu’il préserve l’emploi ou quand il compense les pertes de chiffre d’affaires des entreprises et les chutes de revenu des particuliers. Son intervention pourra si nécessaire s’élargir. Quand la crise survient, l’État est une garantie tous risques. Les arbitrages ne sont plus confiés au marché qui n’est plus déifié. Il en découle bien des conséquences.

Les risques systémiques ne sont pas propres à la finance

Les Bourses se sont un peu reprises, mais l’alerte a été donnée. Sans que cette fois-ci le système financier en soit à l’origine, en attendant la suite. On enregistre bien la chute du prix du pétrole ainsi que celle du trafic maritime dans le domaine économique, on scrute également un marché des ETF devenu un point très sensible, mais l’essentiel n’est pour l’instant pas là. La rupture des chaînes de valeur est le sujet de plus grande inquiétude.

Traçabilité des uns, opacité des autres

Les lumières du Consumer electronic show (CES) de Las Vegas sont éteintes, mais les yeux de ses 170.000 participants déclarés continuent de briller. Tout est dans la démesure à la grande foire des produits électroniques, y compris l’espoir de faire fortune des nouveaux arrivants. Sans attendre, Amazon a annoncé que son assistant intelligent Alexa était désormais intégré à 200 millions d’appareils, Google que le sien était utilisé par 500 millions de personnes chaque mois. Rares sont les objets qui ne sont pas connectés ou sont annoncés l’être prochainement, même la pomme de douche n’y échappe pas.

Souriez, vous être filmés

De quelle société les GAFA sont-ils porteurs si l’on n’y prend garde ? Facebook en a fourni un avant-goût en utilisant hors de tout contrôle les données personnelles de ses utilisateurs, ouvrant en grand un débat sur leur propriété, comme s’il s’agissait d’ailleurs d’une marchandise. Disposant d’une puissance financière inégalée, ils partagent chacun à leur manière une vision de la société de demain au sein de laquelle ils se voient appelés à jouer un rôle central en s’appuyant sur le développement et l’accaparement des nouvelles technologies.